
Liste des dictées disponibles
Thérèse Raquin (1e partie)
D’Émile Zola
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C’est en revenant du service militaire que Pique-Bouffigue avait renoncé à l’agriculture, pour consacrer toute son activité au braconnage. Dans sa ferme solitaire des collines, il n’avait même pas un jardin potager, et l’on disait au village, qu’il n’aurait pas su distinguer une pomme de terre d’un topinambour. Mais la vente clandestine du gibier aux auberges d’Aubagne, de Rouquevaire ou du Pichauris était d’un bien meilleur rapport que la culture du pois chiche, ou la cueillette des olives. C’est pourquoi il achetait ses légumes chez l’épicier, et il mangeait ses deux côtelettes tous les jours, comme un estivant. Enfin, quelques années plus tôt, on l’avait parfois rencontré dans les collines avec un compagnon de chasse d’une grande distinction, et qui, de l’avis des connaisseurs, était certainement un monsieur de la ville. Les connaisseurs ne s’étaient pas trompés. Un matin, tout juste à l’aurore, comme Pique-Bouffigue longeait, en contrebas, la petite crête de l’Espigaou, une compagnie de perdreaux en surgit soudain. Il ajusta un magnifique doublé, dont les échos lui parurent bien forts, puis il fut grandement surpris par la chute simultanée de quatre perdrix symétriques, et son étonnement fut augmenté quand il vit monter derrière la crête un chapeau de toile bleue, puis une barbe grise, puis une veste de chasse à boutons dorés. Elle contenait précisément un chasseur qui avait tiré en même temps que lui. D’ordinaire, ce genre de rencontre engendre de furieuses contestations. Mais quatre perdrix pour quatre cartouches, ce n’est guère discutable. Ils se félicitèrent donc mutuellement, avec une sincérité d’autant plus grande que chacun, en vantant l’adresse de l’autre, célébrait en même temps la sienne propre. Ils passèrent la journée ensemble. Le monsieur charmé par le pittoresque du braconnier, lui proposa d’aller à la recherche du lièvre fantôme de la Beaume Sourne. Comme il avait deux chiens de grande race, Pique-Bouffigue accepta volontiers. Leur quête fut vaine, mais plaisante. Ils tuèrent plusieurs lapins, une buse et deux bécasses, puis ils déjeunèrent sous la pinède du Puits du Mûrier. Le soir, en se quittant, ils prirent rendez-vous pour le lendemain matin à 5 heures, sous le Balcon des Chouettes, au pied du pin de Balandran.