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L’âne de Dame Camus (2e partie)
Contes et légendes du grand siècle, Ch. Quinel et A. de Montgon
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Vers l’heure de midi, la jolie bouquetière regagnait le logis de son père, hors de la porte Saint-Antoine et passait, en fredonnant une chanson, au pied de la vieille forteresse de Charles V. Il restait toujours quelques fleurs au fond de son panier. Céline ne manquait pas d’en choisir une et de la remettre à la sentinelle qui montait la garde devant le pont-levis de la Bastille. Tous les soldats de la garnison avaient été successivement fleuris par ses soins. Tantôt c’était une rose, tantôt un brin de muguet, tantôt trois violettes, tantôt une marguerite, suivant la saison et la chance. Pourquoi fallut-il que trois fois, au cours de la même semaine, le hasard fît placer de garde, à la douzième heure, le canonnier Florent Dupin? Pourquoi fallut-il que trois fois ledit canonnier reçût une églantine, ce qui, pour toutes les personnes ayant la moindre notion du langage des fleurs, signifie amour? Dès lors, à plusieurs reprises il l’avait rencontrée, toujours par la faute du hasard, à la porte Saint-Antoine, quand elle allait porter ses fleurs à ses clients. Son panier étant bien lourd, il l’avait aidée à le porter. Fréquemment depuis, il l’escortait l’après-midi lorsqu’elle se rendait chez les jardiniers pour faire ses commandes et se réassortir pour le lendemain et même, un jour avec la permission de Monsieur le gouverneur, il lui avait fait les honneurs du beau jardin particulier établi sur le bastion, où Monsieur de Louvière avait coutume de promener les belles dames qui lui venaient rendre visite. C’est que Florent Dupin était un soldat particulièrement bien vu de ses chefs. Joli garçon, d’allure crâne et franche, très propre de sa personne, très soigneux de ses armes, il était, de plus, renommé par son adresse comme pointeur. Il avait servi sous Monsieur de Turenne et avait même eu l’honneur d’être distingué par cet illustre capitaine. Quand, après la première Fronde, on avait réarmé la Bastille, Florent y fut envoyé. Il se trouvait donc combattre son ancien général, mais quand on est simple canonnier, ce sont des détails que l’on n’a pas à connaître. Simple canonnier, Florent n’allait pas le rester longtemps. L’artillerie était à ce moment un corps très spécial en marge du reste de l’armée. Les canonniers étaient habituellement plus instruits que les fantassins ou les cavaliers. Ceux qui, parmi eux, se faisaient remarquer par un savoir plus particulier pouvaient prétendre à un tel avancement. Plusieurs, sortis du rang, étaient arrivés à être officiers. Florent Dupin, garçon sérieux et rangé, avait consacré tous ses loisirs à l’étude. Non seulement il savait parfaitement lire et écrire, mais encore il calculait fort bien et connaissait imperturbablement les règles de la balistique.