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Les feuilles d'automne
Tiré du site de Bruno Dewaele
Avant de commencer à écrire, nous vous suggérons d'écouter au moins une fois la version audio complète avec un débit normal. Vous pourrez soumettre votre texte à la correction après avoir saisi au moins 80 % du texte. Sinon, ce serait trop facile !!
Débit normal
Débit moyen
Débit lent
Mais que se tramait-il à Merville, cet automne-là? Où donc étaient passés les autochtones? La petite agglomération, d'habitude si prompte au raffut, semblait en proie à l'ankylose. La rue n'y résonnait plus des perpétuels conciliabules qui font l'essentiel de son charme. Les cafés, à quelque prix que fût la chope, n'accueillaient qu'une poignée d'assoiffés quand, hier encore, on s'y engouffrait sans discontinuer. Jusqu'à l'hôtel de ville qui s'était vidé de ses maire, adjoints et autres légumes plus ou moins officielles, à un train autrement rapide que celui qui, traditionnellement, sied au sénateur! Alors quoi? L'homme du cru serait-il devenu pantouflard? Aurait-on sacrifié la bougeotte à la bouillotte? Le curé lui-même piquait un fard, les dévots ne se pressant plus guère autour de l'autel. C'est que tous, du docteur ès lettres au dilettante un tant soit peu marginal, s'étaient donné rendez-vous dans la salle des fêtes locale pour y subir les élucubrations d'un obsédé du participe, récemment couronné aux États-Unis. Ce n'était pas qu'il y eût à gagner des mille et des cents, mais chacun se faisait fort de pénétrer les arcanes les plus subtils de notre langue. Partout, les dictionnaires s'étaient vu soustraire aux soupentes et aux sous-sols. Partout on les avait potassés, fût-ce en catimini, si bien qu'à l'aube du grand jour la plupart s'estimaient fin prêts. Les visages étaient plus chiffonnés que folichons, des cernes couleur d'améthyste s'y étaient installés, mais le français chantait sur les feuilles! Merville, cet automne-là, avait un faux air de New York.