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Le rôti brûlé (2e partie)

Contes et légendes du grand siècle, Ch. Quinel et A. de Motgon

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Mais alors paraît une petite fille, presque une jeune fille, à l’air assuré et à l’œil pétillant. C’est Françoise Cocarel. Elle ne connaît pas la timidité et déjà, plusieurs fois, elle a paru sur les tréteaux où elle a exécuté des pas fort gracieux, qui ont été universellement applaudis. Elle est à peu près du même âge que Fanfan qu’elle dépasse de la tête et aussi de son autorité de fille du directeur. Les deux enfants partent à la recherche du petit Jean-Baptiste. Ils n’ont pas grand ’peine à trouver le Luxembourg et l’aile qu’occupe Mademoiselle. C’est pour y pénétrer que commencent les difficultés. Un grand diable de suisse leur enjoint de déguerpir, s’ils ne veulent pas connaître les caresses de son bâton. Un laquais les menace de sa savate, mais Françoise sait bien que toute maison a deux entrées, la grande et la petite. C’est à la petite qu’il faut s’adresser. Elle parvient à découvrir la porte des cuisines et se faufile dans les sous-sols, suivie de Fanfan qui, peureusement, ne la quitte pas d’une semelle. Les cuisines de Mademoiselle sont, ce jour-là, en rumeur. Un événement remarquable va se dérouler. Monsieur le Cardinal est attendu pour souper. Mazarin chez la fille de Monsieur Gaston d’Orléans, prenant place à table avec Monsieur, avec Monsieur le Prince et quelques seigneurs de moindre importance, comme Monsieur de Nogent, Monsieur de la Rochefoucauld, l’abbé de la Rivière et une dizaine d’autres! C’est une conjoncture qui ferait tourner bien des têtes au Marais et aux faubourgs. Nous n’entrerons pas dans les considérations politiques qui ont motivé ce prodige, et nous nous en tiendrons aux circonstances gastronomiques et à leurs répercussions dans le royaume des broches, des casseroles et des marmites. Or, ces répercussions sont immenses. Dans les grands sous-sols du Luxembourg, des bataillons de marmitons, de gâte-sauce, de pâtissiers, d’aides, manœuvrent sans relâche. Ici, sur une table, se hache de la chair à saucisse. Dans cette auge, se pétrit de la pâte à croûte. Là, des filles armées de longues aiguilles, bardent de lard de petits oiseaux. Plus loin, un artiste met la dernière main à un palais antique fait de croque-en-bouche, de blanc-manger et incrusté d’angélique. Françoise et Fanfan ouvrent, sur tous ces préparatifs, des yeux émerveillés et gourmands. Ils ne sont pourtant pas si inexpérimentés qu’ils ne reconnaissent que cet immense chantier paraît bourdonner d’une activité indisciplinée. Des disputes s’élèvent entre marmitons et garçons pâtissiers, un gâte-sauce fait pleurer une fille en lui tirant les cheveux et personne ne semble se soucier de ce désordre.