
Liste des dictées disponibles
L’âne de Dame Camus (1e partie)
Contes et légendes du grand siècle, Ch. Quinel et A. de Montgon
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Ayant répondu à quelques saluts amicaux, le Fendeur sortit du cabaret, qui était un de ceux qui faisaient face aux fossés de la Bastille, hors de l’enceinte de Paris, et qu’en temps originaire fréquentaient volontiers les soldats de la garnison du château. Mais actuellement, le gouverneur, Monsieur de Louvière, ne laissait que peu de répit à ses hommes afin d’avoir tout son monde sous la main. Le cabaret n’était pas éloigné de plus de cent pas du logis que Giquet partageait avec sa fille, au coin de la chaussée Saint-Antoine. Un bien modeste logis, avec un rez-de-chaussée surélevé de deux marches, composé d’une seule salle où l’on vivait et où l’on faisait la cuisine, avec un petit réduit pour serrer le bois et les provisions, un premier étage partagé en deux chambres dont une à feu et un grenier. Mais ce qui faisait la gaîté de la demeure, c’étaient les fleurs. A la fenêtre de la salle, quelques bouquets bien disposés avertissaient, en toutes saisons, le passant que, là, il trouverait de quoi fleurir sa belle. Dès les premiers beaux jours, une table était placée devant la porte, chargée des odorantes dépouilles des jardins d’alentour. Les jardiniers confiaient à Céline Giquet le soin d’écouler leurs fleurs, et personne ne s’y entendait comme elle. Le matin, un panier sous le bras, Céline, aussi fraîche que ses roses, entrait dans la ville et allait porter, dans les beaux hôtels de la rue des Tournelles, de la place Royale et de la rue Saint-Antoine, des piquets de fleurs pour les corsages, des guirlandes pour les tables, des bouquets bien serrés dans leurs collerettes de papier pour les fêtes, les fiançailles, les mariages. C’était elle qui fournissait la jolie Ninon de Lenclos, Monsieur le prince de Guéméné, l’austère président des Hameaux, le maréchal de Chaulnes, la pieuse Marie de Rabutin, belle-fille de la sainte Jeanne de Chantal et mère de la marquise de Sévigné, actuellement en Bretagne pour y pleurer son mari, tué en duel. La matinée se passait ainsi pour Céline Giquet à visiter ses chalands. Elle savait quelle fête on célébrait de préférence dans telle maison, elle n’ignorait pas, par les propos des chambrières, les fiançailles qui s’ébauchaient et, sans faute, elle se trouvait là avec le sourire de ses dents blanches comme des lis entre ses lèvres pourpres comme des pivoines, pour prendre les commandes toujours exécutées avez zèle et diligence.