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La fin de Bramaïre

Yvan Audouard : Contes de Provence

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C’est une température que les taureaux supportent allégrement, ou presque. Les gardians avaient apporté des bacs de tôle, sous lesquels ils avaient allumé de grands feux, pour que l’eau, dont ils les avaient emplis, ne gèle pas. La manade était sauvée. Elle était sauvée théoriquement. Mais elle n’avait même plus envie de vivre. Elle était frigorifiée, absente, déjà morte. Elle n’était plus qu’un tas amorphe et glacé, qui refusait de comprendre les efforts qu’on faisait pour elle et qui, malgré les coups de trident, préférait mourir sur place plutôt que de parcourir les quinze cents mètres qui la séparaient du bouvaou sauveteur. C’est alors que Bramaïre entra en scène. Jusque-là il avait laissé faire les hommes. Il avait compris qu’il y a des moments où les hommes savent mieux lutter contre la mort que les bêtes. Il se tenait à l’écart, suivant avec attention l’opération sauvetage. Mais bientôt il fut évident que toute l’énergie dépensée par les hommes ne servirait à rien : les bêtes se laissaient mourir. Mais Bramaïre est venu à la rescousse. Il est venu jusqu’à nous, les cavaliers. Et il nous a longuement toisés. Soudain, il a foncé sur le taureau le plus proche de lui, et, à grands coups de cornes, il l’a mis debout. Et, à grands coups de cornes, il l’a mené jusqu’à l’abri du bouvaou. Entre le bouvaou et l’endroit où la manade agonisait, il y avait plus d’un kilomètre. Bramaïre est revenu, et il a recommencé avec un deuxième taureau. Et il y avait deux cent quarante bêtes dans la manade. Et Bramaïre a fait le trajet deux cent quarante fois, aller et retour. Cela a duré un jour et une nuit. Il faisait moins trente. Mais nous n’avions plus froid. Et Bramaïre a fait ses deux cent quarante kilomètres aller et retour et il a ramené sa deux cent quarantième bête dans le bouvaou. Il est revenu une dernière fois dans la sansouro pour voir si tout était en ordre. Il a fermé les yeux et il est tombé comme masse sur la draille glacée.