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Conte du Clerc d'Oxford

Tiré des Canterbury Tales de Geoffrey Chaucer

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Il est sur le flanc ouest de l’Italie, tout à la racine du froid Vésuve, une plaisante plaine, abondante en victuaille, où maint château et village se peuvent voir qui furent fondés au temps de nos vieux pères, ainsi que maint autre spectacle délectable, et Saluces est le nom de ce noble pays. Un marquis, autrefois, était seigneur de cette terre, comme l’avaient été ses dignes ancêtres avant lui. Obéissants et tout prêts sous sa main étaient tous ses vassaux, petits et grands. Ainsi vit-il dans les délices et y a-t-il vécu depuis longtemps, par la grâce de la fortune aimé et craint, et des seigneurs, et des communes. Pour parler de sa lignée, il était en outre le plus noble de toute la Lombardie par sa naissance, beau de sa personne, et fort, et jeune de son âge, et plein d’honneur, ainsi que de courtoisie, assez prudent pour régir ses états, sauf en quelques points où il était blâmable, et Gualtier était le nom de ce jeune seigneur. Si je le blâme, c’est qu’il ne considérait pas ce qu’à l’avenir il pourrait lui arriver, mais que toutes ses pensées allaient à ses plaisirs présents, comme à la chasse au faucon ou à courre de tous côtés. Presque tous les autres soucis, il les laissait glisser loin de lui, et, pis que tout le reste, il refusait aussi d’épouser aucune femme, quoi qu’il pût advenir. Sur ce point seulement ses sujets s’affligeaient si fort, qu’un jour, en troupe, ils allèrent vers lui, et l’un d’entre eux, comme le plus sage et le plus savant, ou comme celui dont le seigneur accepterait le mieux qu’il lui dit ce que son peuple pensait, ou comme celui qui pouvait le mieux exposer telle matière, c’est lui qui dit au marquis ce que vous allez ouïr.